vendredi 18 décembre 2009

7. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (des liens fraternels)


DES LIENS FRATERNELS

Deux anciennes et mystérieuses confréries internationales empêchèrent les programmes mal coordonnés de Gladio de se désagréger. Les chevaliers de Malte jouèrent un rôle formateur après la guerre (voir Les racines de Gladio), mais la franc-maçonnerie, à travers sa loge la plus fameuse en Italie, connue sous le nom de Propaganda Due, ou P2, était beaucoup plus influente. A la fin des années 1960, son « plus Vénérable Maître » était Licio Gelli, un chevalier de Malte qui avait combattu pour Franco avec les chemises noires de Mussolini. A la fin de la seconde guerre mondiale, Gelli fut menacé d'être exécuté par les partisans italiens pour sa collaboration avec les nazis, mais il y échappa en s'enrôlant dans le service de contre-espionnage de l'armée américaine [Willems, op. cit., p. 119.]. En 1950, il fut recruté par le SIFAR.
Après s'être imposé quelques années d'exil dans les cercles fascistes argentins [Au sujet des liens entre Gelli, la P2, et l'extrême droite argentine, voir Martin Andersen, Dossier Secreto : Argentina's Desaparecidos and the Myth of the « Dirty War » (Boulder, Colo., Westview Press, 1993), chapitres 10 et 20.], il se vit rappeler en Italie comme franc-maçon. Accédant rapidement au poste suprême, il commença en 1969 à fraterniser avec le général Alexander Haig, alors assistant d'Henry Kissinger, le chef de la sécurité nationale du président Nixon. Gelli devint l'intermédiaire principal entre la CIA et le SID de De Lorenzo, également franc-maçon et chevalier. Le premier ordre donné par la Maison Blanche à Gelli fut, semble-t-il, de recruter 400 représentants supplémentaires dans les hautes sphères italiennes et dans l'OTAN [SISMI Memo 446/R, cité par Roberto Chiodi, « Gelli and Kissinger», L'Espresso (Rome), 25 novembre 1990, p. 133.].
Pour aider à débusquer des dissidents, Gelli et De Lorenzo commencèrent à compiler des dossiers sur des milliers de personnes, y compris des législateurs et des ecclésiastiques [Willems, op. cit., p. 83.]. Peu d'années après, le scandale éclata quand une enquête découvrit 157 000 de ces fiches au SID, tous à la disposition de la défense et de l'intérieur [De Lorenzo, devant la Commission d'enquête, 1964, p. 69, cité par Willems, Ibid., p. 83.]. Le parlement ordonna que 34 000 fiches fussent brûlées, mais à ce moment-là, la CIA détenait des duplicatas pour ses archives [Faenza, op. cit., p. 316.].

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