vendredi 18 décembre 2009

4. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (La couverture secrète de l'OTAN)


LA COUVERTURE SECRETE DE L'OTAN

L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord a fourni à Washington une couverture pour ses opérations de l'après-guerre en Italie. Une clause secrète de l'accord initial de l'OTAN exigeait, avant qu'une nation ne la rejoigne, qu'elle dût déjà avoir établi une autorité nationale de sécurité pour combattre le communisme au moyen de cadres de la nation clandestins. Cette clause « Stay Behind » se transforma en un comité secret mis en place à l'insistance des Etats-Unis auprès de l'Alliance Atlantique, le précurseur de l'OTAN. L'Organisation exigeait également de chacun de ses membres l'envoi de délégués aux réunions biannuelles sur le sujet [Jan Willems, Gladio (Bruxelles, dossier EPO, 1991), pp. 148-52 ; interview avec Lord Carrington, Newsweek, 21 avril 1986.].
L'autorité américaine se manifestait, en de telles occasions, sous la forme d'un flux continu de directives présidentielles transmises par le biais du Conseil National de Sécurité. En décembre 1950, le Conseil donna carte blanche à l'armée pour qu'elle fasse usage de la force d'une manière « appropriée », y compris si les communistes parvenaient simplement à « participer » au gouvernement par des moyens légaux, ou « menaçaient de prendre le contrôle », ou encore « si le gouvernement ne faisait plus la preuve de sa détermination à s'opposer aux menaces communistes, internes ou externes. » [Directive du Conseil de Sécurité Nationale 67/2, 29 décembre 1950.]
La CIA aida la police italienne à mettre en place des escadrons souvent composés de vétérans de la police secrète de Mussolini [R. Faenza et M. Fini, Gli Americani in Italia (Milan, Feltrinelli, 1976), p. 320]. Les escadrons recevaient un entraînement intensif en matière d'espionnage et de contre-espionnage, contre les communistes ou d'autres qui étaient perçus comme des ennemis du statu quo. Le plan consistant à faire usage de « moyens exceptionnels » avait été échafaudé par les services secrets français hautement militarisés, la Sûreté Nationale, qui s'était montrée si dure avec les communistes que certains d'entre eux s'étaient réfugiés dans d'autres pays [Ibid.].
L'agence de renseignement nouvellement constituée, le SIFAR [Servizio Informazioni Forze Armate (note du traducteur)], lança ses premières opérations en septembre 1949, sous la direction d'un agent secret américain, Carmel Offie, surnommé « le parrain » par les Italiens [Willems, op. cit., p. 78.]. Le ministre de l'intérieur, Mario Scelba, était à la tête de cette opération. A la même époque, Scelba dirigeait une répression brutale, assassinant des centaines d'ouvriers et de paysans qui avaient cherché à améliorer leur condition après la guerre [Roberto Giammanco, lettre à Edward Herman, 24 juin 1991.].

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