vendredi 18 décembre 2009

2. Gladio : la guerre secrète des Etats-Unis pour subvertir la démocratie italienne (Introduction)


En janvier, Silvio Berlusconi est apparu sur la turbulente scène politique italienne monté sur un cheval blanc. Les électeurs étaient revenus des vieux leaders centristes traînés dans la boue suite à des scandales de corruption massifs. Alors que des élections parlementaires cruciales devaient avoir lieu deux mois plus tard et qu'il était probable que la gauche parvinsse au pouvoir pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale [Les principaux acteurs du système politique italien depuis la fin de la deuxième guerre mondiale ont été les démocrates-chrétiens et les socialistes au centre, le Parti communiste italien à gauche, et une poignée de petits partis à droite. Aux élections de 1994, Forza Italia, créée par Berlusconi, s'est alliée aux néo-fascistes d'Alliance nationale et aux séparatistes de la Ligue du Nord pour vaincre la coalition conduite par le Parti communiste, rebaptisé Parti démocrate de gauche. On trouvait loin en troisième position les vestiges de la coalition centriste. Les élections de 1994 furent les premières au cours desquelles les Italiens purent voter pour une coalition.], l'homme d'affaires milliardaire entra en lice avec des candidats de droite qui n'avaient jamais exercé aucune charge. Aidé par l'écoeurement des électeurs et grâce au concours d'importantes sociétés dans les médias et l'industrie, la coalition conduite par Berlusconi l'emporta largement, évitant la victoire anticipée de la gauche. Ce triomphe hissa la droite, y compris les néofascistes, à de nouveaux sommets depuis la fin de la guerre [Voir, par exemple, Alan Cowell, « Italy's Neofascists Get 5 Cabinet Seats in New Government », New York Times, 11 mai 1994, pp. A1-A5.]. Toutefois, un véritable changement semblait improbable, car Berlusconi reproduisit la vieille politique sous des noms et avec des slogans nouveaux. Berlusconi lui-même était nourri par le système et devait une grande part de son succès à Bettino Craxi, un ex-premier ministre socialiste déféré devant les tribunaux pour corruption le jour qui suivit l'élection de mars. Il ne fallut pas longtemps pour que l'opération « mains propres » de la droite se fasse souffler la vedette par les bras tendus des saluts fascistes et par les vivats au Duce.
La rapide ascension de Berlusconi eut beau prendre la plupart des observateurs au dépourvu, la scène avait été dressée par presque 50 ans d'ingérence américaine dans la politique italienne. Au nom du combat contre le communisme, les Etats-Unis contribuèrent à alimenter un niveau d'agitation politique qui frôla parfois la guerre civile. Les agents américains et leur homologues italiens prirent le contrôle d'organismes politiques clés, réduisant à certains moments la démocratie italienne à n'être rien de plus qu'un terrain d'essai des tactiques agressives de la CIA et de la Maison Blanche. La campagne clandestine, connue sous le nom de Gladio (qui doit son nom à une épée romaine à double tranchant) fut reconnue officiellement pour la première fois en 1990, quand elle prit fin.

(Ce texte et les suivants ont été traduits de l'américain par nos soins.)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire